La Quatrième Demande du ‘Pater’ et son Arrière-Plan Sèmitique
Les recherches ont été nombreuses, depuis le début de ce siècle, sur l'arrière-plan sémitique du Pater. La plupart des critiques se sont orientés vers un original araméen, dont ils ont cherché à retrouver la littéralité derrière les deux recensions de la ‘Prière du Seigneur’ qu'ont transmises Matthieu (Mt. 6. 9–13) et Luc (Lc. ii. 2–4). On peut citer en ce sens les chefs de file du mouvement: G. Dalman, C. F. Burney, M. Black, J. Jeremias. Mais ils ont eu des contradicteurs, surtout depuis que les textes de Qumrân ont introduit un fait nouveau dans l'enquête sur les langues parlées en Palestine au temps de Jésus. L'hypothèse d'un original hébraïque a notamment été soutenue par J. Carmignac, dont les Recherches sur le ‘Notre Père’ sont une somme rarement égalée. Les deux exposés de G. Dalman et de J. Carmignac sont comparables, en quelque sorte, pour l'érudition qu'ils déploient en faveur de leurs thèses respectives: celle d'un original araméen chez Dalman, celle d'un original hébraïque chez Carmignac. Naturellement, des deux cotés, les arguments d'ordre général sur la langue de Jésus et la langue de la prière dans le Judéo-christianisme primitif occupent une large place pour fonder la thèse choisie. Je les laisserai ici de côté, car leur examen m'entraînerait trop loin. J'admets provisoirement comme possible l'existence d'une annonce de l'Évangile et d'une prière chrétienne en araméen et en hébreu. Pour opérer un choix entre les deux possibilités dans le cas du Pater, il faut en effet combiner l'étude critique des sémitismes qui s'y rencontrent et celle du cadre culturel dans lequel la prédication évangélique fut effectuée. Je m'en tiens pour l'instant au premier point seul.