Clandestine Transparencies: Retrieving The Book of Jubilees in Slavia Orthodoxa (Iconographic, Apocryphal and Folklore Witnesses)
Cet article étudie la relation complexe entre l’héritage apocryphe slavon, la tradition orale et l’art religieux, en mettant l’accent sur un groupe d’interprétations parabibliques du récit fratricide (Genèse 4), dont les plus anciennes attestations se trouvent dans le Livre des Jubilés. Dans ce contexte, sont examinées des interprétations iconographiques et vernaculaires de quelques fragments apocryphes inclus dans les compilations slavonnes des Palea et dans les rédactions adaptées localement à partir de quelques chroniques byzantines (comme par exemple les traductions des Chroniques de Jean Malalas et de George Hamartolos, du grec en slavon liturgique). Ce groupe intertextuel d’interprétations littéraires, iconographiques et orales du Livre des Jubilés pose des questions méthodologiques importantes et met en discussion plusieurs présupposés concernant les mécanismes des transferts culturels par lesquels cette composition a pénétré dans le monde byzantin. Jusqu’ici, on a soutenu que la recherche des protographes permettait à elle seule d’accéder à l’histoire de la réception des anciennes compositions parabibliques juives dans le « nouveau » paysage chrétien, alors que les données iconographiques et les traces de tradition orale étaient négligées et exclues du discours savant. Ici, on suggère une nouvelle approche méthodologique : la documentation iconographique y est examinée en tant que « palimpseste » visuel, permettant une clarification fiable et simple du cadre chronologique de la réception du corpus juif ancien parabiblique dans les milieux chrétiens médiévaux. Les récits slavons apocryphes, iconographiques et folkloriques sont aussi comparés et confrontés à la tradition midrashique (dont les Pirqé de-Rabbi Éliézer) et aux écrits exégétiques de l’Islam (l’Histoire des prophètes et des rois d’Al-Tabarī, les Vies des prophètes d’Al-Thálabī, etc.), qui sont à peu près contemporains des traditions byzantines ayant donné naissance aux interprétations littéraires et iconographiques slavonnes.
The article explores the complex relationship between Slavonic apocryphal heritage, oral tradition and religious art, with special emphasis on a cluster of parascriptural renditions of the fratricide narrative (Genesis 4), the earliest attestations of which are found in The Book of Jubilees. Examined in this connection are iconographic and vernacular interpretations of some apocryphal fragments incorporated into the Slavonic Palaea compilations, and into domesticated redactions of a number of Byzantine chronographic compositions (e.g. translations of the Chronicles of John Malala and George Hamartolos from Greek into Old Church Slavonic). This intertextual knot of literary, iconographic and oral renditions of the Book of Jubilees poses important methodological questions and challenges some assumptions concerning the mechanisms of cross-cultural transmission through which this work penetrated the Byzantine Commonwealth. So far it has been maintained that the search for the written protograph(s) holds the key towards the reception history of ancient Jewish parabiblical compositions into their ‘new’ Christian landscape(s), whilst the iconographic data and evidence from oral tradition was neglected and remained excluded from scholarly discourse. Hereby a new methodological approach is suggested, whereas the iconographic evidence is examined as a visual ‘palimpsest’, allowing a reliable, straightforward clarification of the chronological framework of the reception history of ancient Jewish parascriptural corpus in medieval Christian environments. Slavonic apocryphal, iconographic and folklore narratives are also compared and contrasted with midrashic tradition (e.g. Pirke de-Rabbi Eliezer) and Islamic exegetical writings (The History of Prophets and Kings by Al-Tabarī, The Lives of the Prophets by Al-Thálabī, etc.) which are roughly contemporary with the Byzantine traditions giving rise to the Slavonic literary and iconographic interpretations.